Nouveau départ pour Bran Van 3000

Nouveau départ pour Bran Van 3000
by Marc-André Mongrain
in Le Droit, 18 juillet 2008
Entrevue

Il y a à peine un an, on n’aurait pas cru le retour du collectif Bran Van 3000 possible, encore moins qu’il puisse venir s’offrir en spectacle à l’Encan Larose de Masson-Angers! C’est pourtant ce qui se dessine: près de neuf mois après avoir lancé le disque de leur retour, l’éclectique et inattendu Rosé, James Di Salvio et sa bande aux membres alternants seront de la partie ce soir à Buckingham en Fête.

Rappelons d’abord la petite histoire de Bran Van 3000. Au début des années 90, Jean Leloup demande à un jeune artiste éclaté du nom de James Di Salvio – à l’époque réalisateur de ses vidéoclips pour les chansons Cookie et Isabelle – de réaliser une relecture dansante de son tube 1990. Le musicien et réalisateur se fait ensuite entendre sur un rap dans la chanson Johnny Go, sur l’album Le dôme de Leloup en 1996. Le Bran Van Cousin est né et, l’année suivante, le collectif Bran Van 3000, duquel fait brièvement partie Leloup ainsi qu’Adam Chaki, Stéphanie Moraille, Sara Johnston et Jayne Hill, fait paraître un premier album intitulé Glee.

Avec l’extrait Drinkin’ in L.A. puis Couch Surfin’, le disque décolle et connaît un immense succès, si bien que la troupe se voit signée sous l’étiquette Grand Royal, propriété des Beastie Boys, ce qui laisse entrevoir un avenir brillant pour le second disque, l’excellent et tout aussi éclaté Discosis, en 2001. Hélas, l’étiquette Grand Royal fait faillite. Aucune tournée n’aura lieu pour Discosis et Di Salvio plie bagages pour Los Angeles. On ne le reverra plus sur les planches au Québec avant 2007, pour ce retour en grande pompe avec Rosé.

«Internet est un grand facteur, explique Di Salvio au sujet du retour. Les gens découvraient les albums comme s’ils étaient sortis hier. C’est comme si c’était un band d’aujourd’hui», ajoute-t-il.

Presque tous les potes de Bran Van 3000 s’étaient dispersés, ce qui a occasionné une recherche pour le moins ardue pour remettre cet immense train aux nombreux wagons sur les rails. «C’était les Blues Brothers, je te dis», raconte-t-il en faisant référence au film culte de John Landis. «On allait chercher les membres un par un. On va chercher tel gars, il n’est pas là. On va chercher un autre, son équipement a tout été vendu. Tout le monde était éparpillé. C’est normal, il fallait vivre sa vie aussi».

Le collectif compte aujourd’hui, tour à tour: E.P. Bergen, Steve «Liquid» Hawley, Nick Hynes, Gary McKenzie, Ian Fry, maxAmillion et l’ex-Me Mom & Morgentaler Kim Bingham. «C’est une gang de chats de ruelle, décrit Di Salvio à propos de sa bande interchangeable. On ne se pose pas trop de questions. On se dit "que sera, sera"». James Di Salvio ne peut d’ailleurs pas confirmé qui sera du party de Bran Van, ce soir. «On voit ça comme un club, un bar. Lundi, tout le monde est là, mardi c’est plus tranquille et on sait pas qui viendra mercredi, tu comprends?», me demande-t-il.

Ce dont on peut être certains, toutefois, ce qu’il y aura de quoi danser au son des nouvelles et vieilles chansons du collectif. «L’un des plus beaux feelings que j’ai eu, c’était de reconnecter avec les paroles de chansons. Même Drinking in L.A., après trois ans de route, j’en avais assez. Mais la refaire avec la joie du début, c’est formidable».

Reprendre la conversation

Le chef de meute se réjouit également d’offrir quelques titres de Discosis étant donné que celles-ci n’ont jamais vécu sur scène. «Même si on n’a jamais tourné Discosis, il fallait que des tounes comme Love, sex and peace ou Astounded sortent, qu’elle interagissent avec les gens.»

Le retour de DiSalvio dans le paysage musical québécois – pure coïncidence, assure-t-il, avec le fait que son mentor Leloup effectue lui aussi son retour au courant du même été – s’effectue pour les bonnes raisons, selon lui. «La motivation pour quelqu’un de retourner, si ce n’est pas juste un grand cash-in, c’est de continuer la conversation avec les gens. C’est ça qui motive un artiste: continuer les histoires et, en quelque part, donner ce à quoi le monde s’attend. C’est juste l’idée de continuer, de dire «Salut, on jase-tu?»».

Tout se remet donc progressivement en branle pour Bran Van 3000, à commencer par cet immense block party qui a eu lieu en fermeture du Festival de Jazz de Montréal le 1er juillet dernier. Le méga-spectacle a fonctionné à fond et la réception du public et de la critique fut unanime. Un grand soupir de soulagement pour le principal intéressé. «C’est touchant. Vraiment touchant au coeur. Je vis comme un rêve. Les semaines avant (le spectacle), on montait le show et les gens dans la rue, on sentait que leur coeur était vraiment là. C’est l’été de ma vie, à plein de niveaux, je te jure», exprime-t-il.

Après un spectacle aussi grisant que celui-ci, on pourrait s’imaginer que des spectacles à Alma, Trois-Rivières, Sherbrooke et Masson-Angers ne paraissent pas aussi réjouissants. Le gourou réplique. «À nos débuts, c’était les régions qui nous ont laissé tomber sur la glace et regardé faire des idées bizarres. On s’est dit que tant qu’à monter le show (du Festival de Jazz de Montréal), aussi bien l’adapter pour un peu partout. L’idée, c’est de reconnecter avec le monde. Pourquoi pas reconnecter avec les régions? C’est des foules fantastiques et bourrées d’enthousiasme.»

Et les adeptes du collectif ne devraient plus avoir à s’inquiéter que la bande ne fasse faux bond à nouveau. Au contraire, DiSalvio admet avoir déjà un quatrième album en tête pour la bande, ainsi qu’un projet de film.

«Le prochain album de Bran Van sera sans doute la trame sonore d’un rock movie très narratif. Il reste juste à le finir. J’ai hâte de devoir remettre mon chapeau de réalisateur et de lier tout ça avec Bran Van. Je rêve en couleurs, mais ce serait génial de le présenter en première à Sundance ou à Toronto et ensuite, de le tourner avec Bran Van. Tu sais, tu présentes le film en habit cravate puis tu sors tes t-shirts de Wu Tang et tes jeans pour la tournée», rêvasse celui qui, un jour, avait aussi rêvé de faire carrière en musique, de tourner un peu partout dans le monde avec Bran Van 3000 et de se joindre à l’étiquette de disques des Beastie Boys.

POUR Y ALLER

QUOI ? Le spectacle de Bran Van 3000, dans le cadre de Buckingham en fête

OÙ ? Encan Larose (Masson-Angers)

QUAND ? Ce soir, 21h45

RENSEIGNEMENTS ? (819) 243-2345 poste 3010 ou www.buckinghamenfete.qc.ca

Photo: Bran Van 3000 en juin dernier André Pichette, collaboration spéciale Le Soleil.
Cet article contient aussi une image: [1]
bran van 3000: the answer | bran van 3000 newswatch | alphabetical order | chronological order | pictures

Last updated 31 juillet 2008.
© 2004 The Answer
Design: sd. Info: various contributors.